Si Fred ajoute un Z à la fin de son prénom c’est parce qu’il ne veut pas se cacher derrière un pseudonyme, mais souhaite malgré tout s’ajouter un petit supplément à la scène. C’est une fantaisie qui lui ressemble, et le différencie. Comme une façon de jouer avec les personnages et avec les lettres, raconter des histoires et écrire la sienne.
Son histoire c’est celle d’un jeune garçon né après 2000. Le 25 janvier 2002 la banlieue de Montréal accueille un habitant de plus. Mais loin de lui l’idée de prendre ses aises et laisser le temps filer : Fredz veut
façonner cette vie et la faire à son image plutôt que de la laisser faire l’inverse. A la tête de son petit business de vente de limonade ou en vidéo sur YouTube, une seule chose compte à ses yeux : la satisfaction de l’avoir fait.
Malheureusement, comme souvent à cet âge-là, cela se transforme souvent en « avoir été », et il passe d’un projet à un autre. Mais la bande originale de toute cette période plus communément appelée « adolescence » c’est la sienne. Car la musique, elle, ne l’a jamais vraiment quitté depuis leur première rencontre. Il s’en souvient, c’était en 2017, il a alors tout juste 15 ans et cela commence par du beatmaking avec un ami. Comme les adultes qui partent tous les jours au bureau, eux se retrouvent tous les soirs pour travailler ensemble. Très rapidement son naturel revient au galop : il s’équipe, il enregistre, se met en scène, se documente sur le marché, apprend les métiers de l’industrie musicale et finalement se produit et se distribue. Tout faire, et le faire bien.
Dans cette aventure sa plume s’est « aiguisée » comme il aime à le dire. Ses goûts se sont étoffés, et sa communauté encore davantage. Chaque semaine Fredz partage des freestyles d’une minute. Koriass,
Roméo Elvis, Nekfeu, Lord Esperanza ou Karim Ouellet font partie de ses inspirations, ses études de littérature l’influencent, mais sa vie demeure sa matière première. C’est d’ailleurs au commencement pour
ses proches qu’il veut réussir. Les rendre fiers. Se rendre fier. C’est pour eux qu’il le fait. Alors il mue sa plume en couteau, use de grands plutôt que de gros mots, et découpe des morceaux horsformat qui dessinent mille histoires. Ceux qui le suivent grandissent avec lui, ses textes bruts et réalistes résonnent dans le quotidien de chacun, se propagent, et étonnent notamment 1minute2rap. Alors, sous son bonnet rose et derrière ses lunettes rondes, sa candeur se mélange à l’acidité de ses écrits, et ce duo doux-amer devient sa signature.
Cette dualité se poursuit jusque dans les morceaux eux-mêmes qui fonctionnent souvent en binômes, comme lorsque « Sara » s’associe à « Concassé ». Tout est plus palpitant à deux, alors quand il parle de ses
tracks, Fredz semble désigner un alter ego : sa musique aime se mettre en avant et lui la regarde faire. Elle dépeint un décor, lui se fond dedans. Elle attire l’oeil avec ses reflets roses candy, lui est plus rêveur dans le ciel bleu pâle. Elle lui permet d’être au complet, finalement c’est peut-être elle le Z à la fin de son prénom. Elle est son moteur et c’est assurément par elle qu’il s’accomplira, pour un jour se dire « c’est bon, tu l’as fait ».
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