Shauit & Washmnhit

Ils viennent d’endroits si éloignés, mais sont pourtant si proches. Leur langage commun, c’est le reggae. Ce qui les anime, un même engagement social, une même propension à dénoncer les inégalités. “À faire du reggae en langue innue, Shauit défriche un chemin pour le moins unique” (Le Soleil, 2018). Récipiendaire des prix Rideau et Radarts, lauréat aux Indigenous Music Awards, il se veut un fier représentant de la culture autochtone. Entre sons sahariens et jamaïcains, entre rythmes gnawa et reggae façon Wailers, la musique de WachM’n-Hit est pleine d’énergie, ouverte et joyeuse, mais bel et bien engagée.

Shauit

Le premier reggaeman innu est originaire de la réserve de Maliotenam à l’est de Sept-îles, dans le nord-est du Québec. En fait, Shauit a grandi au Nouveau-Brunswick. Sa première langue est le français et il n’a appris la langue innue que plus tard, parce qu’il l’a voulu. C’est vers 12 ans, lorsqu’il a découvert le très populaire groupe Kashtin lors du festival Innu Nikamu de Maliotenam, qu’il décide de se rapprocher de ses origines autochtones. Son père lui achète une guitare et il apprend l’innu pour chanter dans sa langue maternelle et reconnecter avec les siens.

Shauit s’est d’abord fait connaître en 2007 lors de sa collaboration sur le titre à succès Les Nomades avec son ami algonquin, le rappeur Samian. Il s’identifie avec le dancehall, un genre de musique ensoleillé, mais qui parle de pauvreté et de violence. Son premier mini-album éponyme, paru en 2016, parle surtout de fête, mais son deuxième opus, lancé en 2017, Apu Peikussiaku, possède une touche plus spirituelle et porte un message de paix et de préservation de l’environnement.

De son vrai nom Jean-Eudes Bourdages Aster, Shauit est en quête d’identité et à ce titre, se fait le porte-parole de beaucoup de jeunes autochtones pris entre deux cultures. Son initiative et son succès représentent un exemple à suivre pour les nouvelles générations, car les jeunes parlent davantage le français et la langue innue est en voie d’extinction. Étant métis, l’auteur-compositeur-interprète s’est donné pour mandat de réconcilier les communautés. Il écrit des textes chargés de messages positifs en innu, en français, en anglais et même en créole, avec l’espoir de faire une différence dans la vie de ceux qui l’écoutent.

Fortement inspiré de ses racines innues et de la musique traditionnelle, il fusionne plusieurs genres populaires (folk, country, rock, reggae, etc.) et offre des chansons honnêtes, engagées remplies d’émotions et d’expériences personnelles. Fier représentant de la culture autochtone, Shauit a remporté en mai 2018 le prix du “meilleur album de l’année en langue autochtone en Amérique du Nord” aux Indigenous Music Awards, ainsi que le Prix de l’auteur-compositeur autochtone de l’année lors des 14e Prix de musique folk canadienne. Après avoir joué en Amérique du Nord et en Europe, Shauit rayonne à présent plus largement à l’international, avec des présentations au Japon, en Corée et au Chili.

Washmnhit

Formé en 2005 autour d’une passion commune pour le reggae, Wachmnhit est composé de sept musiciens marocains qui ont choisi le reggae roots pour exprimer leur vécu, les contradictions de leur société et les maux de leur génération.

Malgré le conservatisme ambiant, les Wachmnhit parviennent à faire entendre leurs textes contestataires sur les scènes d’Essaouira, Casablanca ou Rabat et font connaître la voix du peuple à travers leur reggae marocain.

Inspirés par Bob Marley, Alpha Blondy, Burning Spear, ou encore par les groupes de musique gnawa dont ils reprennent le style, le message des jeunes musiciens doit sonner juste, car ils remportent en 2006 le premier prix des musiciens de la relève, « Boulevard des jeunes musiciens », à Casablanca. Cela les encourage à se lancer dans la préparation de leur premier album auto-produit, Hit WachMn’Hit, sorti en 2009.

Avec pour maître mot le métissage culturel, Wachmnhit fusionne, blues, jazz, ska, latino ainsi que d’autres styles musicaux. Le groupe, issu de l’atelier de musique de l’Université Ibn Tofaïl de Kénitra, est composé du chanteur et compositeur Ouahid Ahmed, avec l’appui des guitares aux tonalités blues du désert d’Amine Souikra et d’Ali Ouguerd, la basse de Faycal Boudli, les claviers d’Amine Sylani, les percussions d’Anas Khihel et la batterie de Salim Akki.

SOURCE

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LES EXTRAITS

Shauit et Wachmnhit

Ute Rabat